Note17

A. La notion de nasx (ال نسخ) dans le Coran. 


Il n'existe pas de consensus[1],[2] au sujet de la question de versets dits abrogés ou abrogeants chez les exégètes. Une partie des savants soutenant que certains versets sont rendus obsolètes par d'autres, et une autre partie soutenant que la notion de nasx concerne des nuancements. 

Nous allons montrer ici, que la seconde approche est la plus vraisemblable, sur la base du Coran. 


Analyse :

(1) (Cor. 4,82) : "Pourquoi n'analysent-ils point à fond le Coran ? S'il provenait d'auprès d'un autre que Dieu, assurément ils auraient trouvé en lui des contradictions en quantité."

(2) (Cor. 2,2) : "Ceci est l'écrit au sujet duquel il n'y a aucune ambiguïté."

(3) (Cor. 2,85) : "Croyez-vous en une partie de l’Écriture et mécroyez-vous en une partie ?"

(4) (Cor. 26,96) : "Par le biais d'une langue concisément éloquente explicite (qui permet de trancher entre deux voies)."

□ Il ne peut pas demeurer d'ambiguïté ou de divergence dans le Coran. Il faut donc en accepter l'entièreté de façon harmonieuse. Nous ne trouvons aucun exemple de cas de figure où un verset en supprime un autre.


B. Exemples de versets dits abrogés :

(2:106) : "Si Nous réécrivons un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas que Dieu est Omnipotent ?"

Certains versets dits abrogés ou abrogeants pouraient-ils constituer des contradictions internes du Coran ? Nous pouvons nous demander si Dieu omnipotent et omniscient devrait avoir à changer ses commandements, et s'il existe des cas où il nous serait impossible de nous fixer sur quel verset remplacerait tel autre.


B-1. Notion de nasx (نسخ) :

Quelle est la signification du mot النسخ [al-nasx] ? Son etymologie ? Dans quel sens le verset (2,106) en fait usage ? 

La racine نسخ [n-s-x] signale l'idée d'effacer, gratter un texte dans le but de le réécrire. C'était un usage largement répandu jusqu'à l'invention du papier, car les papyri étaient rares et précieux. Le mot a été employé au fil du temps, vers le VIIIeS, pour désigner un type d'écriture primitive particulier des caractères arabes.

L'emploi du mot dans le Coran est, comme pour la racine كتب [k-t-b] abstrait. Il signifie l'idée de réécriture, de copies etc. 

Plus particulièrement, pour le Coran, il était question de reformulation stylistique de passages de sourates, sans nécessairement annuler une règle instituée ou la remplacer.

Même si de fait, les lois changent au gré du temps. Par exemple les enfants d'Adam se sont mariés entre frères et sœurs, alors que Moïse a interdit cela (Lévitique : 18,9, 20,17; Deutéronome : 27,22). Or, nul n'aurait l'idée de  soutenir que cela est permis, arguant que du temps des enfants d'Adam, Dieu l'avait voulu ainsi. De même, seule une partie arrachée à une bête était interdite à manger du temps de Noé (Genèse : 9,2-5), or Moïse a apporté une série d'interdictions alimentaires nouvelles (Lévitique : 11; Deutéronome : 14,3-8). Le contexte, les moyens et cetera font que changer de règles est parfois une impérative. De même, la loi de Moïse concernait uniquement les enfants d'Israël (Mc : 5,17) & (Cor. 61,6).


B-2. Les variantes :

Pour ce qui est du Coran, ce qui est parfois présenté comme des cas d'abrogations consiste tantôt en des cas de figures distinctes, tantôt en des dérogations ou précisions. Au final, il n'y a pas d'exemple d'ambiguïté touchant les versets pouvant être soutenus ou non comme abrogeant ou abrogé.

Il est question dans (2,106), des fameuses variantes qui allaient être détruites au moment où le Coran allait être compilé par écrit, et dont des exemplaires ont été identifiés par des chercheurs [3],[4] confirmant par la même occasion ce verset. Tabarī rapporte d'après Mujāhid que ce passage signifie : "Si nous faisons oublier un passage, nous en envoyons un semblable ou un meilleur". En effet, des variantes selon Ubay ibn Ka'b, Ibn Mas'ūd et Ali ibn abū Tālib ont été identifiés dans le palimpseste Sana'a I [5]

Il est aisé de concevoir que le Prophète oublie un verset, et qu'un autre (pareil ou plus beau) soit édicté. Vu que certains ont pu retenir l'une ou l'autre de ces versions, la multiplication de variantes authentiques en devenant inévitable. C'est pour cette raison que c'est la version majoritaire qui sera retenue lors de la compilation sous Uthmān ibn Affān. Même si il n'y a pas de différence en sens susceptible de prêter à confusion entre ces variantes.


B-3. Cas soutenus d'abrogation :

Citons quelques exemples, pour terminer. 

1. (6,65) : "يَٓا اَيُّهَا النَّبِيُّ حَرِّضِ الْمُؤْمِنٖينَ عَلَى الْقِتَالِؕ اِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ عِشْرُونَ صَابِرُونَ يَغْلِبُوا مِائَتَيْنِۚ وَاِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ مِائَةٌ يَغْلِبُٓوا اَلْفاً مِنَ الَّذٖينَ كَفَرُوا بِاَنَّهُمْ قَوْمٌ لَا يَفْقَهُونَ"

"Ô Prophète, incite les croyants au combat. S'il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vainquent deux cents; et s'il s'en trouve cent, ils vainquent mille, parmi les incroyants car ce sont vraiment des gens qui ne comprennent pas."

(6,66) : "اَلْـٰٔنَ خَفَّفَ اللّٰهُ عَنْكُمْ وَعَلِمَ اَنَّ فٖيكُمْ ضَعْفاًؕ فَاِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ مِائَةٌ صَابِرَةٌ يَغْلِبُوا مِائَتَيْنِۚ وَاِنْ يَكُنْ مِنْكُمْ اَلْفٌ يَغْلِبُٓوا اَلْفَيْنِ بِاِذْنِ اللّٰهِؕ وَاللّٰهُ مَعَ الصَّابِرٖينَ"

"En ce moment, Allah allège votre tâche, sachant qu'il y a de la faiblesse en vous. S'il y a cent endurants parmi vous, ils en vainquent deux cents; et s'il y en a mille, ils en vainquent deux mille, par la grâce d'Allah. Et Allah est avec les endurants."

□Le premier verset mentionne le potentiel, le second évalue une situation ponctuelle d'un moment donné. Nous comprenons donc : "Vous pouvez dominer une troupe dix fois plus nombreuse. Même en ce moment où vous vous trouvez affaiblis, vous pouvez dominer une troupe deux fois plus nombreuse".

□ Un individu peut avoir la capacité de courir cinq heures, mais il peut toutefois se trouver dans un mauvais jour à un moment donné et ne pouvoir tenir que deux heures. La conquête de la Mecque par les disciples du Prophète quelques années plus tard a confirmé le premier verset, ceux-ci ont pris le contrôle de la Mecque alors qu'ils étaient dix fois moins nombreux que sa population.


2. (2,234) : "وَالَّذ۪ينَ يُتَوَفَّوْنَ مِنْكُمْ وَيَذَرُونَ اَزْوَاجًا يَتَرَبَّصْنَ بِاَنْفُسِهِنَّ اَرْبَعَةَ اَشْهُرٍ وَعَشْرًاۚ فَاِذَا بَلَغْنَ اَجَلَهُنَّ فَلَا جُنَاحَ عَلَيْكُمْ ف۪يمَا فَعَلْنَ ف۪ٓي اَنْفُسِهِنَّ بِالْمَعْرُوفِۜ وَاللّٰهُ بِمَا تَعْمَلُونَ خَب۪يرٌ"

"Ceux des vôtres que la mort frappe et qui laissent des épouses : celles-ci doivent observer une période d'attente de quatre mois et dix jours. Passé ce délai, on ne vous reprochera pas la façon dont elles disposeront d'elles-mêmes d'une manière convenable. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites."

(2,240) : "وَالَّذ۪ينَ يُتَوَفَّوْنَ مِنْكُمْ وَيَذَرُونَ اَزْوَاجًاۚ وَصِيَّةً لِاَزْوَاجِهِمْ مَتَاعًا اِلَى الْحَوْلِ غَيْرَ اِخْرَاجٍۚ فَاِنْ خَرَجْنَ فَلَا جُنَاحَ عَلَيْكُمْ ف۪ي مَا فَعَلْنَ ف۪ٓي اَنْفُسِهِنَّ مِنْ مَعْرُوفٍۜ وَاللّٰهُ عَز۪يزٌ حَك۪يمٌ"

"Ceux d'entre vous que la mort frappe et qui laissent des épouses, doivent laisser un testament en faveur de leurs épouses pourvoyant à un an d'entretien sans les expulser de chez elles. Si ce sont elles qui partent, alors on ne vous reprochera pas ce qu'elles font de convenable pour elles-mêmes. Allah est Puissant et Sage."

□ Le premier verset concerne les femmes, qui doivent faire un deuil légal quatre mois et dix jours au décès de leurs conjoints : ceci est toujours d'application. 

□ Le second verset concerne leurs maris devant leur garantir jusqu'à un an de pension alimentaire et d'entretien selon leurs moyens.

□ Dans les deux cas, les femmes sont libres, de se remarier après quatre mois et dix jours, où de refuser la pension alimentaire à tout moment.


3. (2,180) : "كُتِبَ عَلَيْكُمْ اِذَا حَضَرَ اَحَدَكُمُ الْمَوْتُ اِنْ تَرَكَ خَيْرًاۚ اَلْوَصِيَّةُ لِلْوَالِدَيْنِ وَالْاَقْرَب۪ينَ بِالْمَعْرُوفِۚ حَقًّا عَلَى الْمُتَّق۪ينَۜ"

"On vous a prescrit, quand la mort est proche de l'un de vous et s'il lègue des biensde faire un testament en règle en faveur de ses père et mère et de ses plus proches. C'est un devoir pour les pieux."

□ Celui qui rédige un testament doit donner la priorité à ses proches. Il peut céder jusqu'à maximum 1/3 à autre chose, sans léser ses successeurs.

□ "اِنْ تَرَكَ" [in taraka], c'est-à-dire "si ils lèguent" ici "اِنْ" est un si de possibilité.


4. (58,12) : "يَٓا اَيُّهَا الَّذ۪ينَ اٰمَنُٓوا اِذَا نَاجَيْتُمُ الرَّسُولَ فَقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيْ نَجْوٰيكُمْ صَدَقَةًۜ ذٰلِكَ خَيْرٌ لَكُمْ وَاَطْهَرُۜ فَاِنْ لَمْ تَجِدُوا فَاِنَّ اللّٰهَ غَفُورٌ رَح۪يمٌ"  

"Ô vous qui avez cru ! Quand vous avez un entretien confidentiel avec le Messager, faites précéder d'une aumône votre entretien : cela est meilleur pour vous et plus pur. Mais si vous n'en trouvez pas les moyens alors Allah est Pardonneur et très Miséricordieux !"

(58,13) : "ءَاَشْفَقْتُمْ اَنْ تُقَدِّمُوا بَيْنَ يَدَيْ نَجْوٰيكُمْ صَدَقَاتٍۜ فَاِذْ لَمْ تَفْعَلُوا وَتَابَ اللّٰهُ عَلَيْكُمْ فَاَق۪يمُ الصَّلٰوةَ وَاٰتُوا الزَّكٰوةَ وَاَط۪يعُوا اللّٰهَ وَرَسُولَهُۜ وَاللّٰهُ خَب۪يرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ۟"

"Appréhendez-vous de faire précéder d'aumônes votre entretien ? Mais, si vous ne l'avez pas fait et qu'Allah a accueilli votre repentir, alors accomplissez la Salāt, acquittez la Zakāt, et obéissez à Allah et à Son messager. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites."

□ Ceci est recommandé pour celui qui en a le moyen, mais pas une condition.


5. (33 : 50-1) : "يَٓا اَيُّهَا النَّبِيُّ اِنَّٓا اَحْلَلْنَا لَكَ اَزْوَاجَكَ الّٰت۪ٓي اٰتَيْتَ اُجُورَهُنَّ وَمَا مَلَكَتْ يَم۪ينُكَ مِمَّٓا اَفَٓاءَ اللّٰهُ عَلَيْكَ وَبَنَاتِ عَمِّكَ وَبَنَاتِ عَمَّاتِكَ وَبَنَاتِ خَالِكَ وَبَنَاتِ خَالَاتِكَ الّٰت۪ي هَاجَرْنَ مَعَكَۘ وَامْرَاَةً مُؤْمِنَةً اِنْ وَهَبَتْ نَفْسَهَا لِلنَّبِيِّ اِنْ اَرَادَ النَّبِيُّ اَنْ يَسْتَنْكِحَهَاۗ خَالِصَةً لَكَ مِنْ دُونِ الْمُؤْمِن۪ينَۜ قَدْ عَلِمْنَا مَا فَرَضْنَا عَلَيْهِمْ ف۪ٓي اَزْوَاجِهِمْ وَمَا مَلَكَتْ اَيْمَانُهُمْ لِكَيْلَا يَكُونَ عَلَيْكَ حَرَجٌۜ وَكَانَ اللّٰهُ غَفُورًا رَح۪يمًا تُرْج۪ي مَنْ تَشَٓاءُ مِنْهُنَّ وَتُـْٔو۪ٓي اِلَيْكَ مَنْ تَشَٓاءُۜ وَمَنِ ابْتَغَيْتَ مِمَّنْ عَزَلْتَ فَلَا جُنَاحَ عَلَيْكَۜ ذٰلِكَ اَدْنٰٓى اَنْ تَقَرَّ اَعْيُنُهُنَّ وَلَا يَحْزَنَّ وَيَرْضَيْنَ بِمَٓا اٰتَيْتَهُنَّ كُلُّهُنَّۜ وَاللّٰهُ يَعْلَمُ مَا ف۪ي قُلُوبِكُمْۜ وَكَانَ اللّٰهُ عَل۪يمًا حَل۪يمًا"

"Ô Prophète ! Nous t'avons rendu licites tes épouses à qui tu as donné leur mahr (dot), ce que tu as possédé légalement parmi les captives [ou esclaves] qu'Allah t'a destinées, les filles de ton oncle paternel, les filles de tes tantes paternelles, les filles de ton oncle maternel, et les filles de tes tantes maternelles, -celles qui avaient émigré en ta compagnie -, ainsi que toute femme croyante si elle fait don de sa personne au Prophète, pourvu que le Prophète consente à se marier avec elle : c'est là un privilège pour toi, à l'exclusion des autres croyants. Nous savons certes, ce que Nous leur avons imposé au sujet de leurs épouses et des esclaves qu'ils possèdent, afin qu'il n'y eût donc point de blâme contre toi. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. Tu fais attendre celle que tu veux d'entre elles, et rejoints celle que tu veux. Il ne t'est fait aucun grief si tu te rends chez l'une de celles que tu avais négligées. Voilà ce qui est le plus propice à les réjouir, à leur éviter tout chagrin et à leur faire accepter de bon cœur ce que tu leur as accordé à toutes. Allah sait, cependant, ce qui est en vos cœurs. Et Allah est Omniscient et Indulgent."

(33,52) : "لَا يَحِلُّ لَكَ النِّسَٓاءُ مِنْ بَعْدُ وَلَٓا اَنْ تَبَدَّلَ بِهِنَّ مِنْ اَزْوَاجٍ وَلَوْ اَعْجَبَكَ حُسْنُهُنَّ اِلَّا مَا مَلَكَتْ يَم۪ينُكَۜ وَكَانَ اللّٰهُ عَلٰى كُلِّ شَيْءٍ رَق۪يبًا۟"

"Il ne t'est plus permis désormais de prendre [d'autres] femmes, ni de changer d'épouses, même si leur beauté te plaît; -à l'exception des esclaves que tu possèdes. Et Allah observe toute chose."

□ Le premier verset consiste en une dérogation, à l'adresse du Prophète, ayant un statut particulier en tant que chef des fidèlesLes mariages des chefs renforçant par la même occasion les liens tribaux, retenant la main des clans hostiles liées par les mélanges de leurs clans. 

□Le verset 52 met un terme à cette dérogation, lui donnant fin quelques années avant la fin des hostilités. Il s'agit d'un détail précis de l'histoire, touchant uniquement le Prophète. Et il n'y a pas d'ambiguïté sur l'issue finale pour aucun des cas, ce qui est notre objet d'étude dans le présent article.


C. Cas souvent avancé "le vin" : 

C-1. Interdiction par étapes :

(1) Le vin a des avantages et des inconvénients (2,219).

(2) Il est instrumentalisé par le diable (5,90). 

(3) Si d’aucun en consomme, il doit d'abord être sobre avant de prier (4,43). 

(4) Au paradis, le diable ne peut plus l’instrumentaliser, alors il devient avantageux (56,25-26).


□ Chacune de ces étapes est d'actualit.
 

C-2. Oeuvre du diable et paradis ? 

Le vin est-il bon ou mauvais ? La boisson forte est une infamie, oeuvre du Diable. (5,90), également (2,219). Pourtant, d’autre part dans le paradis sont des rivières de vin (47,15), également (83;22,25). Comment une oeuvre du Diable est presente au Paradis ?

□ Il n'est pas mauvais en soi, mais il le devient étant instrumentalisé par le diable.

□ "رجس من ءمل الشىطان", signifie souillée par l'oeuvre du Damné.


D. Conclusions :

Le verset, (Cor. 4,82) : "Ne méditent-ils donc pas au sujet du Coran ? S'il venait d'un autre que Dieu, ils y trouveraient de nombreuses contradictions.", implique que le Coran doit être lu de façon homogène, sans ambiguïté et en harmonie. Nous avons vu que l'idée largement répandue qu'il y aurait des versets inactifs, abrogés dans le Coran est erronée. Plus encore, l'apparence décousue du Coran s'est avérée également être dûe à l'oubli d'un système d'organisation structurelle typiquement sémite désormais tombé en désuétude [6]. Puisque les thèmes abordés au fil des sourates apparaissent être organisés suivant un jeu de symétries (parallèles, concentriques, spéculaires ou chiasmes). Chaque partie suit ce type d'organisation en regard de toutes les autres, le tout étant organisé de façon imbriqué et interconnecté en poupées russes, cette structure concentrique allant, jusqu'à plus de douze niveaux enchevêtrement au sein de certaines sourates. Les sourates elles-mêmes s'organisent entre-elles suivant des plans d'organisation thématiques soeurs. Le Coran est donc un ouvrage d'une extrême sophistication, permettant de donner aux mots employés différents niveaux de sens de façon complexe et consistante.

La diffusion rapide du Coran à semble-t-il induit des lectures simplistes du texte. L'absence de dictionnaire, et même d'ouvrage de grammaire codifiant la langue arabe durant un siècle-et-demi [7], ainsi que la dérive sémantique induite au contact de populations non arabes, a conduit à s'éloigner graduellement de l'arabe du Coran. 

Lorsque le Coran parle de nasx, il est question d'ajustements en sorte qu'aucun verset n'est jamais obsolète.










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[1] Il y a un principe fondateur des écoles de jurisprudence en islam, c'est la notion d'iʤmāʔˤ (consensus). Un certain hadith identifié à partir du IIIeS, et rapporté suivant des chaînes de transmissions problématiques est souvent invoqué pour fonder ce principe, qui raconte que le Messager aurait dit : "Ma communauté ne s'unira jamais sur l'égarement". Ce faux hadith est considéré comme une preuve inviolable des consensus des anciens. Il n'y a pas d'accord unanime sur ce qui est à tenir comme iʤmāʔˤ chez les savants : ibn Hanbal affirme que c'est l'avis majoritaire des savants sur un sujet à une certaine époque, certains savants soutiennent que c'est un consensus exclusif chez les sahabas, d'autres un consensus chez les seuls savants, sans contre-exemple, mais quand un savant a un avis divergent celui-ci est considéré contrevenir au consensus. Les hanafites considèrent que les savants peuvent changer un consensus antérieur s'ils sont unanimes, mais les autres écoles rejettent cette affirmation  Gazzali affirme que c'est un consensus général parmi les savants comme parmi le peuple, il existe même un avis selon ibn Mas'ūd qui dit que le consensus consiste à accepter ce qui est vrai, même si l'on est seul contre tous. Concrètement il n'existe aucun consensus avéré qui ne se fondât sur le Coran ou des hadiths indiscutés. 

[2] Abdulmuta'āl Muhammad el-Jabrī, Lā Nasxa fī’l-Qurʾān li-māðā ? (Caire, 1400/1980), An-Nāsix wa’l-mansūx bayna’l-iθbāti wa’n-nafy (Caire, 1987), An-Nasx fī'al  ʃarī'ati’l-islāmiyyah kamā efhamuhū (Caire, 1380/1961).

[3] R. G. Hamdoun, "المخطوطات القرآنية في صنعاء منذ القرن الأول الهجري وحفظ القرآن الكريم بالسطور", Master’s Thesis 2004 (non publiée), Al-Yemenia University.

[4] Puin, Elisabeth (2009). "Ein früher Koranpalimpsest aus Ṣanʿāʾ - II. [An early Quran palimpsest from Sana'a - II. "]. In Markus Groß, Karl-Heinz Ohlig. Vom Koran zum Islam [Du Coran à l'Islam]. Schriften zur frühen Islamgeschichte und zum Koran (en allemand) 4 (1re éd.). Berlin: Verlag Hans Schiler. p. 523–581. (ISBN 978-3-89930-269-1). LCCN 2010359348. OCLC 496960079.

[5] Sadeghi, B., Goudarzi, M., Ṣan“ā” 1 and the Origins of the Qur’ān, Der Islam, 87, 2012, p.1–129. 

[6] Michel Cuypers, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, 453 p., Collection « Rhétorique sémitique » n° 3. Paris : Lethielleux. 2007

[7] Al-Khalil ibn Ahmad al-Farahidi, Kitab al-'Ayn (كتاب العين‎), VIIIeS est le plus ancien ouvrage traitant de la langue arabe.













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